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11 octobre 2016

Retour en arrière.

Mercredi 3 août 2016

Un besoin, une envie d’écrire.

Une envie aussi hier de pleurer. Pas bien, pas bon. Je n’ai pas pleuré au final. Soit l’envie n’était pas si forte que cela, soit le lâcher prise n’était pas là. Blindage maximum. Pas bien non plus. Pas bon.

Je pensais à ma mère. Je pensais à ma grand-mère et à ce qu’elle m’avait dit au téléphone. Que le mieux aurait été l’hôpital. Peut-être et c’est peut-être moi qui veux reculer ce moment.

Pour l’heure ma mère est dans le sud, chez ma sœur. Elle est allée quelques jours chez ma grand-mère puis est revenue à son point de chute initiale. Agnès m’a dit que c’était dur. Très dur. J’aurais pu me targuer d’un « je sais ». J’ai pris trois semaines de vacances et j’ai  balancé le bébé et l’eau du bain avec. Est-ce que je culpabilise ? Oui certainement, sinon, je ne serais pas en train d’écrire ces mots sur mon ordi par un après-midi ensoleillé. En même temps je sais que cet épisode de pause m’était déjà nécessaire.

Cette nuit : un rêve.

Ma sœur, ma mère, ma grand-mère et mon père.

J’étais de l’autre côté cette fois. Du côté de celle qui ne vit pas la situation, qui se prélasse à la plage, qui fait l’autruche. Et c’est super de faire l’autruche.

Mon père me disait que ma sœur souffrait, que c’était dur pour elle. Et je trouvais cela profondément injuste. Et je criais que oui, je savais que c’était dur, que j’étais là la dernière fois. Que c’est moi qui avais appelé les secours, que c’est moi qui avait poireauté dans une salle d’attente des urgences, moi qui avait vu ma mère le regard hagard branchée à des perfusions, moi qui le lendemain l’avait retrouvée dans les sous-sols lugubres de ces urgences, moi qui l’avait écoutée me dire que non, je ne pouvais pas la laisser là, moi qui avait accepté ce service de merde du CAC (centre d’accueil de crise). Moi qui ressens encore aujourd’hui tout cela au plus profonde de moi.

J’étais là à son admission à la clinique. J’étais là face à ses angoisses flippantes. J’étais là.

J’étais là quand elle m’a dit qu’elle était morte de l’intérieur.

J’étais là avant qu’elle me confiait son envie d’en finir.

J’étais là, à l’autre bout du fils lorsqu’elle m’a dit : « Pourquoi as-tu appelé, j’allais en finir ».

J’étais là.

Et si je « veux » être encore là, il faut qu’aujourd’hui je m’éloigne, que je prenne du temps pour moi.

Je sais que personne ne me reproche rien.

C’est peut-être injuste ce que je vais dire, mais je crains que cette période n’offre à Agnès l’occasion de me dire : «  C’est bon, j’ai donné… oublie moi. »

J’ai peur.

Peur de l’avenir.

Quelque part, je me suis enfoncée avec elle les années passées. Au point de penser que ce serait peut-être mieux si … oui elle m’a tirée vers le bas. Mais j’ai toujours refait surface. Prendre appui au fond et remonter. Remonter parce que mes enfants et mon mari me tiraient vers eux. Peut-être sans le vouloir. Peut-être juste en étant là.

Ils sont encore là.

Mais je n’ai plus envie de revivre cela. Plus envie de souffrir. Somme toute, c’est bien légitime en fait. Qui en redemanderait ? Revivre le film même si j’en connais la fin, n’est pas mon envie première.

J’avale ces jours de quiétude comme une boulimique. Ils me font du bien. Je prends l’énergie nécessaire, pendant que d’autres en perdent. Mais cette quiétude aura une fin. Quand elle finira, d’autres souffleront. Ainsi va la vie.

Je me suis certainement bercée d’une illusion douce : croire que ça irait mieux, que cela suffirait. Mais il faut bien quelques illusions pour avancer aussi. Si on ne voit que la noirceur, alors on ne peut que reculer.

Je veux être une éternelle optimiste.

J’avais déjà dit que j’étais naïve. En voilà une autre preuve.

 

 

Edit du 11 octobre : je crois que ce rêve de cet été en dit long sur moi.

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Commentaires
S
Moi ce que je trouve injuste, c'est la dureté de ce que vous vivez, ta soeur et toi, cet inversement des rôles : devoir veiller sur sa mère ainsi, c'est terriblement éprouvant et ça engendre forcément des culpabilités. Je te trouve une nouvelle fois très courageuse, même si je sais que tu m'as déjà dit que tu n'as pas le choix.
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