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jardin secret
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17 mars 2019

Nuages sombres.

Je pensais avoir fini par m'y habituer. Mais, il faut que je me fasse une raison, je ne m'y habituerai jamais. Cela sera toujours auusi difficile. C'est déchirant. La seule chose qui me "réconforte" c'est de me dire que de toute façon, il n'y pas d'autres solutions, que l'admission en clinique était la seule chose à faire.

Jeudi dernier, j'ai accompagné ma mère, voir son psy. Après une période plutôt sereine et en forme, cela faisait quelques semaines que ça commençait à décliner. Ces derniers jours, c'étaient et ce sont encore des angoisses terribles. Toutes ces petits riens qui semblent (et sont) surmontables deviennent des obstacles infranchissables pour elle. Elle recommence à ne plus manger, ne plus sortir. Seules des phrases négatives sortent de sa bouche : "Je ne vais pas y arriver"; "je n'arrive plus à me laver", "je n'arrive plus à manger" "Je ne sais plus où sont mes affaires"... et le peu de phrases grammaticales affirmatives sont enmpruntes de noir : "Mais qu'est-ce je vais faire ?" ; "je ne suis bien que lorsque je dors ...". Bref, de nouveau, elle sombre. Elle souffre au quotidien d'angoisses.

J'essaie de ne pas me laisser entraîner. Hier midi, quelques heures avant de la faire admettre en clinique, je tentais de maintenir un semblant de conversation, tout en mangeant. "Mais comment fais-tu pour sourire ? " m'a-t-elle demandé.  "C'est bien mieux que pleurer, non ? " ai-je répondu. Si elle savait comme ma façade était bien en place, si elle savait les fissures qui apparaissaient et que je colmatais.

Jeudi, lors de l'entretien avec le psy, alors qu'elle disait ne pas vouloir aller en clinique, je lui ai dit qu'il fallait qu'elle le fasse, car, moi, j'allais craquer et que je ne pouvais plus et pas l'aider. Je ne sais si elle l'a vraiment entendu, même si elle semble réaliser ce que je fais pour elle.

Hier a été difficile. Le trajet en voiture silencieux. Heureusement à notre arrivée, elle a été prise en charge de suite par un infirmier qu'elle avait déjà rencontré lors de ces précédents séjours. Nous avons aussi vu le psychiatre de garde. j'ai installé ses affaires, elle a pris un anxiolitique donné par le psy, s'est couchée. Je l'ai laissée allongée sur son lit. 

Je suis passé par le poste de soin prévenir l'infirmier que je partais. J'ai commencé à sentir mon armure se fissurer. Il m'a dit que je devais maintenant m'occuper de moi, qu'eux étaient là pour elle, que c'était pour cela qu'elle était là. Je sais tout cela. Mais cela reste difficile.

Sur le chemin du retour, j'ai ouvert les fenêtres de la voiture en grand, monter le son de la musique, respirer pour me "calmer". En passant, devant le cimetière d'un petit patelin, je me suis dit que je devrais aller marcher dans les allées silencieuses pour me "détendre". En même temps que cette pensée me traversait l'esprit, j'ai souri, en me disant que ce serait tout de même très très glauque comme promenade apaisante ! 

Au final, comme je devais passer acheter des fleurs pour un dîner chez des amis le soir, je me suis arrêtée à un truffaut. J'ai erré un peu dans les allées, le temps de choisir une composition, de m'acheter un bouquet de tulipes et un sac au profit de la lutte contre le cancer de l'institut Curie.

En fin d'après-midi, je me suis glissée dans un bain chaud. Je ne peux pas dire qu'aujourd'hui,  je sois au top de la forme morale, mais bon... je progresse par rapport à hier.

Tout à l'heure, un message sur mon répondeur. C'était elle pour me dire de sa petite voix plaintive que ça n'allait pas. Elle m'a rappelée... difficile de parler au téléphone avec elle. Petite voix pour elle, tandis que la mienne se maintient ferme. Je l'ai dirigée vers le poste de soin (qui est tout de même juste à côté de sa chambre). Je crois que je vais maintenir mon téléphone loin de moi, pour le reste de la journée.

Je regarde par la fenêtre. Le ciel est gris. Il vient de pleuvoir. j'espère une éclaircie... un peu comme dans la vie en fait.

 

20190316_130058 Sur son calendrier.

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Commentaires
F
Je vous comprends.<br /> <br /> Pour vous, la seule attitude est la prise de distance tout en restant bienveillante.<br /> <br /> J adore les cimetières et ce sont parfois de beaux lieux comme le cimetière de Bastia ou celui de Montmartre.<br /> <br /> Ce sont des lieux apaisants.<br /> <br /> Bon courage
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S
Ce que tu décris ressemble point pour point aux phases que nous percevons chez ma collègue. Même leur écriture est la même, c'est troublant... Après une période d'accalmie, elle sombre à nouveau elle aussi, comme ta maman. Elle porte les mêmes vêtements depuis une semaine, je sais que c'est un signe d'alerte. L'immense différence c'est qu'elle n'est QUE notre collègue et que nous avons tout fait pour qu'elle nous quitte dans 4 mois. Pour toi, c'est un poids permanent et récurrent, d'autant plus que ta soeur est loin et que vous ne pouvez pas vous partager la charge. Alors oui, pense à toi, ne réponds pas au téléphone quand elle appelle, mais je sais bien que ce ne sont que des mots, et je pense souvent à toi quand ma collègue me parle de sa soeur chez qui elle voulait aller lorsqu'elle a appris qu'elle n'avait pas la mut qu'elle voulait, et que je ressens en filigrane l'usure de cette soeur qui a pris ses distances pour se sauver et protéger sa famille. Bon courage à toi. Elle est en sécurité à l'hôpital, c'est important. Je t'embrasse.
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C
Je compatis tellement! Ma mère est plus ou moins dans le même état que la vôtre...C'est inhumain pour nous, les enfants...On laisse toute notre énergie, on culpabilise, ce n'est JAMAIS assez. Bon courage à vous. Pensez à vous. Votre vie a autant de valeur que celle de votre maman…
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