Quand le passé nous rattrape.
Mon avant dernière note m'a replongée dans trop de souvenirs. J'ai cherché dans mes fichiers ordinateur, les mots que j'aurais pu écrire sur ces semaines...rien. Juste ce texte quelques années plus tard alors que j'allais partir avec les enfants voir ma grand-mère (juillet 2005)...peut-être même qu'il est sur ce blog.
Je plonge dans les souvenirs
quand je pense que je vais aller voir ma grand-mère.
Je revois leur ancienne
maison dans le village, les discussions des voisins trop tôt le matin sous la
fenêtre de la chambre où ma sœur et moi dormions : discussions météorologiques bien sûr…les livres de la
bibliothèque verte : toute la série des "Alice" que nous dévorions (que
sont-ils devenus ?)…le petit trottoir au bord de la maison et l’appui de
fenêtre sur lequel mon grand-père s’asseyait pour fumer…ses moitiés de
cigarette qu’il laissait (des gitanes bleues) accrochées sur l’épais crépis de
la maison et que nous subtilisions pour qu’il arrête de fumer…le rideau anti-mouche
qui faisait du bruit…cette impasse où tout le monde nous connaissait…ces voisins
qui nous revoyaient revenir d’année en année mais que nous ne retrouvions pas
toujours aux fils des ans…ce coin de jardin dans un autre endroit du village où
mon grand père faisait pousser quelques légumes…ce puits et cette roue que nous
allions tourner pour arroser ce petit coin de terre…cette maison qui me
semblait immense, avec cette véranda où mon grand-père allait faire quelques
travaux…les fruits pris à même les arbres : mûres, raison, figues…les
amandes qu’il fallait casser avec une pierre sans se taper sur les doigts…la
salle de bain au troisième étage toute minuscule où il fallait se baisser…ces
chambres à côté spacieuses et encombrées de cartons…l’odeur du pain de la
boulangerie voisine…la baguette enfilée au petit déjeuner…le père Alexandre, un
camembert coulant à souhait que je ne mangeais que là…la confiture d’abricots
et de mûres, les gaufres…le chant des cigales sous les arbres du canal…ces
cigales que nous n’avions pas peur d’attraper avec les mains…ces
« coquilles » de cigales accrochées aux arbres et vides de leurs
occupants…ses piqûres de guêpes dont je m’étais fait une spécialité…la motocyclette
rose de mon grand-père et son casque dépassé…ses cannes à pêche et celle qu’il
avait préparé pour Clément lorsque celui-ci avait 3 mois…son garage dans lequel
s’entassaient des bourriches remplies d’escargots en plein jeun…sa 4L bleue qui
nous emmenait à la mer…sa façon de conduire sur la fin…ses parties de pêche
nocturnes auxquelles nous n’étions pas conviées…celles que nous avons faites
assises sur des petits bateaux de plaisance amarrés au port et dont les
propriétaires étaient absents…mon grand-père qui me laisse une image
controversée…et tant et tant d’autres choses encore.
Mon grand- père…
J’ai du mal à retrouver des
souvenirs agréables ; il ne me reste plus que ces dernières années où il
était atteint de la maladie d’Alzheimer et ses sauts d’humeur constants. Aucune
discussion possible. Des disputes…une façon de traiter ma grand-mère.
L’image de lui, allongé dans
son cercueil, petit et maigre.
Je n’y arriverai pas.