Au placard les vacances.
Deux jours sans aucun élève dans l'école, c'était étrange.
Deux jours à déballer des cartons, à ranger le matériel dans les armoires, à constater qu'il ne faut décidément pas être allergique à la poussière dans une école. Deux jours avec des ouvriers que vous gênez visiblement en passant pour la cinquième fois les bras chargés de cartons entre le premier et le deuxième étage, alors qu'ils tentent de repeindre je ne sais plus quoi.
Deux jours à observer les nouveaux meubles, les petites chaises et les petites tables avec une interrogation : sont-ils vraiment si petits que cela ?
Deux jours à écouter la musique des ouvriers, à demander au plombier de réparer une fuite, à observer le bas de la nouvelle armoire qui se décroche dès que l'on y met quelque chose. Deux jours à remplir des sacs poubelle et à ressentir un immense plaisir à balancer dans le couloir un carton vide. Le pied !
Deux jours pendant lesquels on se demande si la classe sera prête pour le vendredi matin.
Et elle le fut.
Le vendredi matin arriva. L'école se remplit de cris d'enfants. Petit bonjour à mes anciens élèves qui ont une capacité à vous oublier impressionnante. C'est fini, on n'est plus leur maîtresse, à peine si certains ne passeraient pas sans dire bonjour si je n'étais pas là pour les saluer.
Arrivée plus timide des petits de CP accompagnés de papa et maman.
Petite présentation rapide auprès des parents qui attendaient devant la liste de la classe. Premières remarques de parents inquiets : "il faut le mettre devant : il porte des lunettes, il entend mal, il a perdu ses 3 dents de devant pendant les vacances mais va à l'orthophoniste, il est gaucher...(pas tout pour le même je vous rassure)". j'écoute, je prends note et rassure.
Et puis il a fallu partir. Peu de pleurs. Les parents ne voulant pas quitter le préau, j'ai lancé un au revoir collectif avant d'entraîner mon rang dans la classe.
Premier constat : effectivement ils sont petits.
Deuxième constat : ils ont la langue bien pendue.
Troisième constat : ils racontent tout ce qui leur passe par la tête au moment où ça leur passe par la tête. (Attention parents; on finit par tout savoir...)
Quatrième constat : il pense que si la maîtresse a deux oreilles, elle doit pouvoir écouter deux enfants, voire trois en même temps.
Cinquième constat : ils pensent que lever le doigt suffit pour prendre la parole.
Sixième constat : ils n'ont qu'une envie: utiliser le nouveau matériel du cartable. les ciseaux ont été de sortie une bonne vingtaine de fois, alors que je n'avais rien demandé; le crayon de papier a diminué d'au moins 5 bon cm à force de rencontrer son taille; le tube de colle a été entièrement sorti; la gomme a perdu son petit protège en carton et Mamadou m'a demandé au moins 10 fois quand on allait faire rollers...
Et moi, j'avais un peu oublié tout cela.